Après les plages et la mer, nous voici donc arrivés à la montagne !
Au programme : saut en parachute pour Chrisi et marche dans les environs du glacier pour moi.
La rando est assez courte (1,5h-2h) dans un paysage que je qualifierai de sinistre. Tout était gris, le ciel, les pierres, l’eau. La vallée du glacier est un gigantesque pierrier. Adieu l’eau turquoise, ici elle est grise certainement car mélangé à la poussière de roche. On ne peut pas dire que c’est beau, mais c’est vraiment impressionnant, on a l’impression d’être dans une vallée morte. Ce qui n’est absolument pas le cas ! Le glacier bouge, il recule, un peu trop rapidement peut-être. Comme il fond, les pierres bougent aussi. Il n’est pas rare de voir des petits éboulements. Il y a aussi de nombreuses chutes d’eau et, si les environs directs du glacier sont entièrement minéraux, la forêt tropicale n’est pas loin et recouvre les montagnes alentours.
Dans l’après-midi je retrouve Chrisi, un peu déçue par son saut car le temps était nuageux et que ça ne lui à, je suppose, pas vraiment provoqué la montée d’adrénaline qu’elle espérait. On rencontre Marielle, une Hollandaise en train de se fabriquer une affiche en carton pour aller à Wanaka le lendemain en stop. Comme c’est notre destination et qu’on a la banquette arrière de libre, on lui propose de l’emmener avec nous. C’est immédiatement le soulagement et la joie dans ses yeux !
On part donc toute les trois le lendemain, direction Wanaka. On s’arrête plusieurs fois en route. Premièrement à Fox Glacier où on fait d’abord le tour du petit lac Matheson. Par temps calme et clair (c’est-à-dire très tôt le matin), il parait que la reflexion des montagnes y est superbe. Là évidement il est 11h, les nuages s’accumulent autour du mont Tasman et le lac est continuellement brouillé par le léger vent en surface.
Tant pas ! On file alors faire la marche pour arriver au pied du glacier. Là encore, la vallée est un champ de pierre, montagne-falaise et rivière grise. La balade débouche un peu plus près du glacier cette fois et on peut bien voir les reflets bleutés de la glace.
On reprend la route jusqu’à Haast où on s’arrête pour voir la côte ouest une dernière fois, l’occasion pour moi de voir mes premiers ailerons de dauphin au large.
La route quitte donc la côte pour s’enfoncer dans les terres. On traverse la magnifique passe de Haast : une étroite vallée encaissée entre les montagnes avec au milieu une rivière bleutée. Le vent soulève des nuages de poussière alors que le soleil perce juste entre les nuages gris donnant à la scène une lumière particulière. C’est superbe … malheureusement c’est moi qui conduis et je dois me concentrer sur la route en lacet. Un pont traverse la rivière et dans le rétro je vois le sommet de montagnes enneigées. Aaaaaah c’est beau !!! Mais on ne peut pas s’arrêter au milieu du pont pour prendre des photos !!! >_<
Plus loin, une pancarte indique la présence d’un bassin bleu. On ne peut pas louper ça ! Mais il est déjà pratiquement 18h et on a encore de la route à faire alors on fait trajet jusqu’à la rivière au pas de course. Après deux ponts de singe (pour changer) on arrive là :
Puisque c’est magnifique on est évidement immédiatement attaqué par les sandflies… on remonte encore plus vite qu’on est descendu à la voiture.
On arrive enfin en vue du lac Wanaka.
Le lendemain, alors que Chrisi qui connait déjà les environs préfère passer une journée relax autour du lac (et Wanaka est une ville parfaite pour cela), je prends la voiture pour continuer mon « glacier marathon » (un jour, un glacier). Après avoir pratiquement grillé la priorité à une autre voiture sur un rond-point (j’ai toujours l’impression de les prendre à l’envers alors j’ai regardé dans le mauvais sens avant de m’engager), roulé une demi-heure sur une route normale puis 45min sur une saleté de route de gravier où j’ai en plus dû faire traverser à la voiture des fjords, c’est-à-dire ici des petits cours d’eau alimentés par la fonte des glaciers qui traversent la route, j’ai fini par arrivé au parking où commençait la rando.
Il était 14h15 et j’avais prévu de rejoindre Chrisi avant 19h pour qu’on aille se manger une glace chez un glacier renommé de Wanaka, or le panneau estimmait qu’il fallait 4h aller-retour pour boucler la rando et il me fallait au moins 1h45 de voiture pour rentrer à cause de cette fichue route pierreuse !
Je suis alors partie d’un très bon pas, obligé de ralentir un peu au bout d’un moment parce que quand même ca grimpait bien et parce que par endroit le chemin s’était un peu éboulé, affaissé et que ça tombait direct dans le torrent plus bas.
Arrivée au bout, sur une plaine alpine avec une super vue sur le Rob Roy glacier (bien meilleur point de vue qu’à Fox et Franz Josef) et sa chute d’eau géante.
Je me suis posée 20 minutes pour manger et je suis repartie vers 16h10. J’ai littéralement dévalé la pente, mes genoux et les chevilles se sont comportés de manière irréprochable et j’ai atteint le parking à 17h15. 3h au lieu de 4 en comptant la pause déjeuné et les diverses photos ! Yeah !
Je conduis aussi un peu plus vite sur la route de gravier au retour (mais je me suis fait arrêter par le passage d’un troupeau de daims). Je suis arrivée victorieuse et fière de moi dans le centre-ville de Wanaka à 18h30… pour découvrir que le glacier fermait à 18h…. >___>
Je ne sais plus si je vous l’avais dit mais on aurait dû rendre la voiture à Queenstown le lendemain mais comme on ne trouvait pas de place à prix abordable dans les auberges de la ville, on a appelé l’agence de location pour louer le voiture 4 jours de plus. Et ca a été la meilleure idée qu’on est jamais eu !
Le lendemain donc, au lieu de nous rendre à Queenstown, on s’est levée à l’aube pour traverser le Rohan, faire les 3h de route de Wanaka jusqu’au Mt Cook, le plus haut sommet de la Nouvelle-Zélande (3724m). Ouais je sais c’est pas l’Everest ni même le Mt Blanc mais si j’ai bien compris, les montagnes de NZ grandissent encore.
On n’a bien sûr pas escaladé le Mt Cook, on a juste fait petite marche tranquille dans la Hooker Valley. C’est une rando très populaire (car facile) et vraiment très jolie car on a presque tout le temps vue sur le Mt Cook juste en face. Il faut aussi dire qu’on a eu beaucoup de chance avec le temps ce jour-là. En effet, le Mt Cook est rarement visible car il a souvent la tête dans les nuages. Mais là, le ciel était bleu et pratiquement sans nuage, il a été visible toute la journée. C’était comme si il y avait un mur invisible qui empêchait les nuages s’amoncelant autour des montagnes alentours de venir nous gâcher la vue. La marche se termine au bord d’un lac gris lié à la fonte des glaciers (comme l’atteste les gros morceaux de glace qui flotte à la surface) avec le Mt Cook en arrière-plan.
Derrière le Mt Cook, il y a le Mt Tasman avec son glacier. Ça fait 3 jours que je vois des glaciers, si il y en a encore un aujourd’hui, ce serait bête de ne pas compléter la collection, alors on y va !
Chrisi qui est déjà venue sur les lieux m’explique que si on marche environ 50min sur cette rando de 4h, on a une super vue sur le glacier.
Cette fois on est loin de la facilité et de la beauté de la Hooker Valley. Le chemin est caillouteux et autour de nous les versants des montagnes ne sont que des empilements de ces mêmes cailloux.
J'adore cette photo par contre
Après environ 50min donc on s’arrête et Chrisi me dit qu’il faut maintenant grimper jusqu’à la crête du versant sur notre droite.
_ « Quoi ? Mais on va quand même pas grimper là-dessus, c’est dangereux, c’est que des cailloux, ça risque de s’ébouler ! »
_ « Mais non tu vas voir il y a un chemin. »
_ « Mais je vais avoir peur moi là-haut ! »
_ « Ben je t’ai prévenu au début. Ça m’a d’ailleurs étonné que tu acceptes de venir. »
_ « Mais j’avais pas compris qu’il fallait qu’on grimpe sur la crête d’une montagne ! ! »
On a eu plusieurs malentendus lors de notre voyage mais jamais de cette ampleur. Bon, bah maintenant que je suis là il va falloir y aller. La marche était fatigante et par vraiment jolie, je ne vais pas faire demi-tour maintenant, il faut que je finisse mon glacier marathon !
En effet il y a un chemin et ce n’est pas difficile du tout d’atteindre le sommet. En bas des randonneurs nous regarde et nous prennent en photo. En chemin je me demande bien comment ces montagnes qui ne sont que des piles de cailloux se sont formées.
On arrive au sommet et là c’est le drame. La crête est très étroite et encore une fois ce n’est qu’un amas de pierre qui ne demande qu’à s’ébouler et il y a beaucoup de vent. Je jette un rapide coup d’œil de l’autre côté, je vois le glacier et son lac gris et je me sens encore plus mal. Je me recroqueville derrière un rocher, dos au glacier en tenant ma casquette vissée sur ma tête pour qu’elle ne s’envole pas et je ne bouge plus. Chrisi trouve la vue super, marche un peu le long de la crête ce qui me rend encore plus malade et me prends mon appareil pour faire des photos puisque je suis paralysée. Elle rigole et me dit :
_ « Enlève ta casquette, je vais te prendre en photo ! Tu l’as fait ! Tu es au sommet ! »
Il me faut bien 30 secondes pour l’enlever et j’ai les jointures qui deviennent presque blanche tellement je l’agrippe de peur que le vent ne l’emporte et ne m’emporte avec par la même occasion (oui, me vertige, comme toute phobie est une peur totalement irrationnelle).
Le glacier recouvert de sa poussière de roche et son lac gris
Sourire crispé, mais sourire quand même
On finit par enfin redescendre à mon grand soulagement.
Après cette longue journée, il nous faut retourner jusqu‘à Wanaka où on passe notre dernière nuit avant de rejoindre la côte est.